18 Avril 2020
C’est LE rendez-vous de l’année pour moi. Les vacances d’été sont synonymes de soleil, plage, certes, mais aussi et surtout de Tour de France. Dans un style différent des deux autres Grands Tours, où je trouve qu’il règne une plus forte insouciance, le Tour de France est un véritable mythe du cyclisme et du sport. Au contraire du Giro et de la Vuelta, le Tour de nos jours ressemble à une lutte pour bousculer l’ordre établi. La dynastie US Postal a laissé place au règne Sky, mais le peloton a toujours su profiter des remous durant ces périodes pour nous offrir un mois de juillet de dingue. 2011, 2019 sont des exemples types de ces Tours de fou, où le podium n’est toujours pas dessiné à deux jours des Champs. A vrai dire, j’aime le Tour de France d’aujourd’hui. Celui qui correspond de plus en plus à ce que le cyclisme mondial demande de nos jours : moins de contre-la-montre, plus d’irrégularité dans l’enchaînement sprint-montagne. La compétition sait se réinventer et n’hésite pas à innover (parcours 2020).
Le Tour, ce sont les merveilleux paysages des quatre coins de l’Hexagone, ce sont les cols historiques : Aubisque, Tourmalet, Galibier, Alpe d’Huez, … Ce sont aussi les belles histoires, les Voeckler, Pinot, Barguil. C’est un discours un peu classique. Mais en vérité, l’amour pour le Tour de France ne s’explique pas vraiment. Si en ce moment, vous vous sentez happé par votre télévision l’après-midi devant une rediffusion d’une étape de la Grande Boucle, que vous jouez à vous rappeler qui est ce Garmin Cervelo à l’avant ou ce Rabobank qui lâche, c’est que le parfum du Tour vous attire.
Voilà une compétition qui rassemble pendant quinze jours un nombre toujours plus important de disciplines. Des disciplines auxquelles on n’est pas forcément très attaché, mais que l’on se plait à regarder tous les quatre ans. Quelle autre compétition peut nous offrir un saut d’obstacles en équitation à 14h suivi d’une finale au fleuret ou d’une course de BMX ? Les Jeux Olympiques, c’est plus de dix heures d’épreuves chaque jour. Les fans de sport seront d’accord, il est impossible de s’ennuyer devant les JO. Pour nous Français, il y a à tout moment une chance de médaille française, parfois quelqu’un que l’on suit depuis des années, parfois quelqu’un que l’on ne connaît pas et que l’on se prend à supporter dans une discipline dont on ne maitrise pas clairement les règles. Ce dont il faut se rendre compte, c’est que les Jeux Olympiques, ce sont les Championnats du monde dans plus de 25 sports. Oui, mais en même temps et au même endroit. Il faut bien en avoir conscience quant aux difficultés d’organisation ou même lorsque l’on y est présent en tant que spectateur. C’est ce qui est l’essence de la compétition et ce qui fait qu’elle est si belle. Ce qui fait qu’au moment où les Jeux se clôturent, on a déjà envie d’être aux prochains.
Si l’on veut le plus beau jeu possible, la compétition qu’il faut est la Ligue des Champions. Bien qu’elle soit devenue encore plus attrayante ces derniers temps par son aspect imprévisible et ses remontées en tout genre, la Champions reste encore trop fermée en terme d’accessibilité sportive et médiatique pour rentrer dans le gotha des compétitions sportives. La Coupe du monde de foot en clair, c’est la tradition, et l’occasion certaine d’avoir des matches de rêve et, bien entendu, des surprises. C’est le graal pour tout footballeur, ramener la Coupe à sa nation. Remporter le trophée Jules-Rimet, c’est entrer quoiqu’il en soit dans la légende du sport. Dans le format actuel, on pourrait croire la compétition simple en sa première partie, avec des favoris qui semblent qualifiés « d’entrée de jeu » pour les huitièmes. Or, gagner une Coupe du monde, c’est disputer sept matches en quatre semaines, parfois jouer des prolongations. En plus de l’aspect mental qui est mis à rude épreuve par le fait de défendre les couleurs de son pays, la dimension physique est énorme. C’est ce qui rend les surprises probables arrivé un certain stade. Les émotions sont je trouve tout de suite plus fortes quand il s’agit de supporter son équipe nationale, par rapport à un club. J’espère qu’elles le resteront, même si je pars sceptique vis-à-vis du prochain format à 48.
Là aussi, bien entendu, il ne s’agit pas forcément du plus beau jeu du rugby, surtout si l’on compare le Tournoi au Super Rugby ou au Rugby Championship. Mais l’atmosphère qui règne à chaque début d’année, chaque hiver, se prête parfaitement à la compétition historique qu’est le Tournoi des VI Nations. C’est un rendez-vous ancestral, que se donnent les supporters des cinq puis des six nations majeures du ballon ovale sur le Vieux Continent. Février, mars, c’est la bière, la pelouse grasse, le Swing Low Sweet Chariot, et bien sûr le sport et l’occasion d’effectuer un grand point sur les nations qui sont, à ce moment donné, au meilleur de leur saison. C’est l’objectif principal de chacune des équipes nationales qui le dispute. Six équipes qui sont, chacune entre elles, les plus grandes rivales. On cherche donc à gagner le Tournoi, le Grand Chelem (prestige ultime) mais aussi le Galles/Irlande, le Crunch, le Ecosse/Angleterre. Le Tournoi, c’est un peu une question d’honneur national en même temps que le rassemblement des plus grands joueurs du monde. Pour moi, c’est la compétition qui donne le ton pour l’année du rugby et même du sport.
Gros dilemme pour cette cinquième compétition. Roland-Garros ? L’Euro ? Le GP de Monaco ? Les Jeux d’hiver ? J’ai finalement opté pour Paris-Roubaix, une course qui me fait vibrer chaque année et qui continuera de le faire. Je n’ai jamais vu un Français l’emporter à Roubaix mais qu’importe, la difficulté de la course et le plateau toujours plus relevé me font oublier à chaque fois l’esprit patriotique pour ne garder que l’œil émerveillé d’un fan de cyclisme devant ce Monument du sport. C’est sans doute la seule course de la saison que je regarde du début à la fin sans ne jamais lâcher la télévision des yeux une seconde. Et pour cause, il s’y passe des choses à tout moment. 100 premiers kilomètres souvent arrachés où l’on souhaite construire l’échappée. L’attente du premier secteur pavé est forte, mais étonnamment il arrive assez vite. Et ensuite, c’est un régal. Comme le dit si bien Thierry Adam, « ce sont les coureurs qui font la course » et, déjà que la course est magnifique, les coureurs la rendent somptueuse. Le scénario n’est jamais écrit d’avance, ce qui est l’essence des plus belles courses de vélo. Et cette arrivée dans le Vélodrome Jean Stablinski, qui remet tout à plat, qui peut aussi bien sacrer un Matthew Hayman ou un Magnus Bäckstedt que des légendes à la Merckx, Moser, Museeuw ou Boonen, en rajoute un peu plus encore à cette magie.
Mathéo RONDEAU