Football, Rugby, autres - Les cinq émotions négatives de la décennie par Baptiste Létang

Thibaut Pinot - Tour de France 2019

© Getty Images

En tant que fan de cyclisme, comment ne pas aborder cette 19e étape du Tour de France 2019 ? En tant que français, ce Tour fut le plus intéressant à suivre depuis très longtemps. Depuis 1989 disent certains. Je n’étais pas là pour le confirmer. Tout ce Tour fut fort en émotions, chaques étapes a eu son lot de surprises, souvent bonnes, parfois mauvaises. 

La plus mauvaise, restera gravée, jusqu’à, on l’espère, sa victoire sur le Tour. Je parle, évidemment de la victoire finale tant espérée de Thibaut Pinot. Alors que le Français le plus en vue, sur ce Tour, est Julian Alaphilippe, c’est bien Thibaut Pinot qui semble le plus à même de s’imposer face au jeune Colombien Bernal. 

Cette étape est dantesque sur le papier. Elle le sera, sur la route. L’étape est courte, 126,5 km. Elle comprend 3 petits cols, puis l’Iseran, Hors-Catégorie et une arrivée à Tignes avec un col de 1ere catégorie. C’est au bout d’une trentaine de kilomètres que la nouvelle tombe. Une mauvaise nouvelle. Une mauvaise nouvelle, pour le spectacle, mais surtout pour les spectateurs français et le premier intéressé. Thibaut Pinot abandonne le Tour. Souffrant d’une lésion musculaire, il est contraint de poser pied à terre alors qu’il n’était qu’à 20 secondes de son adversaire le plus dangereux, Egan Bernal. Un traumatisme pour tous les amateurs de cyclisme qui pensaient enfin pouvoir voir un Français en jaune sur les Champs.

La suite de l’étape est légendaire. Dans l’Iseran, Bernal prend la tête de la course, accompagné de Simon Yates. Mais la grêle tombe fortement dans la vallée, bloquant la route, et provoquant d'impressionnantes coulées de boue. Les temps sont logiquement arrêtés en haut de l’Iseran et Bernal reprend le maillot jaune. Si cette étape est marquée par l’abandon de Pinot et la perte de la première place au général pour Alaphilippe, on a surtout l’impression d’avoir connu un grand moment d’histoire du sport en ce 26 juillet 2019.

 

FC Barcelone / PSG - Ligue des Champions 2016 / 2017

 

 

© Josep Lago / AFP

Voilà 6 ans que le PSG est rentré dans son ère Qatari et autant d’année que le club n’arrive pas à dépasser le stade des ¼ de finale de Ligue des Champions. Tous les ans, ils font partis des favoris, mais tous les ans, ils passent tout près de la qualification pour le dernier carré. Lors de cette saison 2016, 2017, le PSG retrouve les 8e de finale de Champion’s League malgré une phase de poule moins maîtrisée qu’à son habitude (3 victoires et 3 matchs nuls). Paris aura la lourde tâche de devoir éliminer le grand Barça pour pouvoir cette année atteindre les ¼ de finale et faire donc aussi bien que les années précédentes. Un adversaire plus costaud que d’habitude à ce stade de la compétition. À la grande surprise d’à peu près tout le monde, le PSG écrase Barcelone, 4-0 au Parc des Princes. L’équipe Parisienne marque un peu plus son empreinte dans le foot européen grâce à une victoire significative face à un grand adversaire.

Il faut tout de même jouer le match retour. Les Parisiens sont très confiants, en Ligue des Champions, jamais une équipe ne s’est qualifié en ayant perdu le match aller 4-0. Les Parisiens, se voyaient trop beau ! L’avertissement est donné dès la 3e minute par Suarez. Kurzawa marque contre son camp juste avant la pause, 2-0 pour le Barça. Puis au tour de Messi à la 50e. On commence à douter. Heureusement, Cavani, libère le PSG à la 62e ! On ne doute plus, la fin du match est une certitude, le PSG va l’emporter. Il faudrait que Barcelone mette au moins 6 buts pour se qualifier. Mission impossible ! Et pourtant ! Jusqu’à la 88e, le PSG tient sa qualif. S’enchaînent, 1 coup-franc et un penalty de Neymar, 5-1 pour Barcelone, on est à la 91e. Le cœur bat vite et les dernières minutes vont être folles. à la 95e, Sergi Roberto achève le PSG. Je me souviens d’un sentiment d’incompréhension face à ce grand moment de football. Une impression de honte, de gâchis, d’irréel !

 

 

Mahiedine Mekhisse - Championnats d'Europe d'athlétisme 2014

 

 

© Matt Dunham/AP/SIPA

Voilà une anecdote qui enchaîne le bonheur, la désillusion et la colère. En 2014, à Zurich, le Français Mahiedine Mekhissi arrive en tant que double tenant du titre européen sur 3000m Steeple. Il est donc le favori logique pour accrocher une nouvelle médaille d’or à son palmarès. Comme prévu, Mekhissi domine la course, à l’entrée de la dernière ligne droite, il a plusieurs dizaines de mètres d’avance sur son dauphin, un autre Français Yoann Kowal. Euphorique, il partage sa joie en enlevant son maillot pour finir la course torse-nu. Le Français écope, dans un premier temps, d’un carton jaune, sans conséquences sur le résultats. Mais après une réclamation de l’équipe d’Espagne, Mekhissi est disqualifié pour ne pas avoir son dossard visible sur la ligne d’arrivée. Le titre revient donc à Yoann Kowal.

Cette disqualification, montre que le sport n’est pas toujours le plus juste. Mahiedine Mekhissi méritait amplement ce titre, et nous aura fait vivre un grand moment d’athlétisme, un grand moment d’émotion, de joie communicative. La règle du jeu décide de gâcher ce moment. Inacceptable !

 

France / Espagne - JO 2012 - Basketball

 

© Francetvinfo

Pendant l’ère Parker, le rival des Bleus a toujours été l’Espagne. Présent dans la salle O2 à Londres pour ces JO 2012, je me souviens d’une déception immense après un match globalement maîtrisé pour les Bleus. L’Équipe de France, composée notamment de Tony Parker, Boris Diaw, Nicolas Batum et Ronny Turiaf début bien ce ¼ de finale face aux Espagnols. Il y a une petite avance de 3 points à la mi-temps et de 2 petits points à l’entrée du 4e quart-temps. Le match est nerveux, serré, et l’enjeu est énorme, surtout que les USA se trouvent dans l’autre partie de tableau. On sait que le match va se jouer à quelques points mais les Bleus méritent la victoire, ils ont été sérieux et dominateurs. Malheureusement, l’histoire en voudra autrement. Jusqu’à 1’31” du buzzer final, la France ne compte qu’un point de retard sur l’adversaire ibérique. Pau Gasol et ses coéquipiers défendent alors monstrueusement bien. C’est à ce moment-là que les Bleus pètent un plomb, Turiaf d’abord avec une grosse béquille puis Batum. Il restait 24 secondes à jouer, 5 points de retard. Tout le monde sait que c’est faisable en basket. Déçu du comportement des joueurs français, c’était mon sentiment à la sortie de la salle. Certes, les Espagnols ne volent pas la victoire, mais l’impression de tenir la victoire pendant 35 minutes pour finalement la voir s’envoler, c’est dur !

 

Pays de Galles / France - Coupe du Monde 2019 de Rugby

 

© AFP/GABRIEL BOUYS

Moi qui ne suis pas un grand suiveur de rugby, la Coupe du Monde est une des seules compétitions que je regarde. Ayant suivi avec attention les performances des Français en poule, je ne m’attendais pas à une qualification des Bleus, mais sait-on jamais ? En première période, les Bleus surprennent par une grande efficacité, ils rentrent à la pause avec 9 points d’avance, 19-10. Je commence à croire à un exploit contre cette équipe du Pays de Galles favorite. Le match bascule en quelques secondes en début de seconde période. Vahaamahina s'énerve en plein maul, il étrangle un joueur gallois puis lui assène un méchant coup de coude qui aurait pu tuer le joueur. Il écope logiquement d’un carton rouge. Un coup de sang qui rappelle celui des basketteurs à Londres. L’Équipe de France montrait pourtant, pour la première fois depuis le début de la compétition, une vraie maîtrise collective et une grande envie. Une histoire qui s’arrête net à cause d’un craquage et encore une fois un ascenseur émotionnel qui finit au plus bas.

 

Baptiste Létang

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