Tim Duncan, Monsieur Spurs, Monsieur Fondamentaux

Né le 25 avril 1976 aux Iles Vierges américaines, Tim Duncan est dans sa jeunesse l’un des meilleurs espoirs en natation, principalement sur 400 m nage libre. Mais 2 évènements vont l’orienter autre part. Tout d’abord, en septembre 1989, l’ouragan Hugo ravage la seule vraie piscine de l’île de Sainte-Croix, la seule piscine où Tim peut s’entraîner. Il est alors obligé d’aller nager dans la mer pour s’entraîner, et connaissant une stagnation au niveau de ses performances, il décide d’arrêter. Il se tourne alors vers le basket-ball. Et à la veille de son 14e anniversaire, sa mère meurt. Sur son lit de mort, elle avait fait promettre à Tim ainsi qu’à ses 2 soeurs de finir leurs études et d’obtenir un diplôme. Promesse que Tim respectera, et qui permettra aux Spurs de le drafter en 1e position en 1997. Grâce à ses aptitude physiques bien au-dessus de la moyenne, Tim devient rapidement le meilleur joueur des Caraïbes, et toutes les facs le veulent. Il choisit Wake Forest, une équipe qui fait partie de l’élite de la NCAA. Dès 1995, tous les scouts NBA le prédisent 1er choix, mais Tim a fait une promesse, une promesse qu’il ne peut pas rompre. En terminant son cursus universitaire, Tim est à contre-courant de la tendance de la fin des années 1990, où les joueurs ne font plus les 4 années d’université (hein Kevin G, Kobe B, ou encore Allen I.)

 

Après plusieurs années de réussite avec l’Amiral David Robinson, la saison 1996-1997 est noire du côté des Spurs. Robinson se blesse, ne joue que 6 matchs, et les Spurs ont le 27e bilan de la ligue. Et au soir de la loterie, la franchise texane se joue des probabilités et récupèrent le premier choix.  Greg Popovich, le coach des Spurs, se rend sur l’île de Sainte-Croix pour faire connaissance avec Tim, s’assurer qu’ils sont bien sur la même longueur d’onde.

 

Crédit photo : ClutchPoints

San Antonio, l’histoire d’une vie

Le soir de la draft, personne n’a encore conscience que les Spurs viennent de récupérer le meilleur ailier fort de l’histoire, tout simplement.

L’impact de l’ancien de Wake Forest est immédiat (21,1 points, 11,9 rebonds, 2,5 contres) et les entraîneurs le choisiront pour disputer le All-Star Game. Chaque mois, il est le rookie, alors, en fin de saison, Tim est élu Rookie of the Year, mais les Spurs chuteront en demi-finales de conférence face au Jazz de Karl Malone et John Stockton. L’année suivante, malgré un lock-out qui fait commencer la saison NBA en février 99, les Spurs gagnent 37 de leurs 50 rencontres, et les Twin Towers (Duncan et Robinson) détruisent tout en Playoffs, avec une victoire en finales NBA face aux Knicks, et un premier titre pour Tim (MVP des finales à 27,4 points et 14 rebonds) et un premier titre NBA pour San Antonio. Ils rentrent enfin dans la cour des grands, dans le cercle des franchises titrées.  Mais ce n’est que le premier fait d’armes du duo Duncan - Popovich, d’un ailier fort et d’un coach, un destin lié.

Pour la saison 1999-2000, les Spurs n’ont pas toutes les armes disponibles, leur ailier Sean Elliott souffrant de graves problèmes rénaux. Et ils ne dominent pas autant la saison régulière que prévu, et Tim se blesse même quelques matchs avant les Playoffs, blessure qui le force à déclarer forfait pour cette post-season. Malgré le retour d’Eliott et le talent de Robison, San Antonio ne passe pas le 1er tour. La saison suivante, toute l’équipe est là, en pleine forme, et les Spurs finissent avec 58 victoires. Mais en Playoffs, les Lakers de Shaq et Kobe se dresseront sur leur route en finales de conférence, des Lakers en route pour un back-to-back.

 

La saison 2001-2002 est l’année qui marque le sommet de la dépendance de la franchise texane envers son ailier fort. En effet, ses coéquipiers des années précédentes commencent à devenir trop vieux, et les tous jeunes sont trop peu expérimentés. Dans ces jeunes, on peut compter Tony Parker, qui vient d’arriver en NBA. Tim réalise une saison de grand niveau (25,5 points, 12,7 rebonds, 3,7 passes et 2,5 contres), ce qui lui vaut un premier titre de MVP de saison régulière. Timmy est cette année-là All-Star, dans la All-NBA First Team et la All-Defensive First Team, une année bien pleine pour le natif des Iles Vierges. Champions de leur division, les Spurs tombent encore sur les Lakers (4-1) en demi-finales de conférence.

 

Le Big Three, Tim, Manu, Tony
 

Crédit photo : Frederic Brown

L’association de Tony Parker, Manu Ginobili et Tim Ducan naît à l’aube de la saison 2002-2003. Cette saison est d’hantant plus charnière qu’elle est la dernière du pivot mythique de l’équipe David Robinson. Duncan est de nouveau MVP, et cette fois-ci il double avec le titre de MVP des Finales, grâce à la victoire en finales NBA face aux Nets de Jason Kidd. A cause d’une blessure au pied, Duncan livre une saison 2005-2006 assez décevante. Et ce n’est qu’en 2007 que les Spurs retrouveront les finales, face aux Cavaliers d’un LeBron James déjà très motivé. Après une demi-finale contre Pheonix, les joueurs de San Antonio ne font qu’une bouchée de Cleveland (4-0), et ce sera le Frenchie Tony Parker qui sera élu MVP des finales.

 

Les déceptions en Playoffs…

Avec Duncan en bonne santé, tout va mieux chez les Spurs. Mais en 2008, les Lakers les stoppent en finales de conférence, et en 2009, ce sont les Mavs au 1er tour. Tim devient vieux, il aura 34 ans au cours de la saison 2009-2010, mais il reste une constante menace, étant un des 3 seuls joueurs de la ligue à la mi-saison avec un 20-10 de moyenne. Mais cette fois, les Suns de Pheonix les sweepent en demi-finales de conférence.

Succès pour Duncan : après 11 matchs dans la saison 2010-2011, Tim Duncan devient le Spurs ayant marqué le plus de points et ayant joué le plus de matchs de l’histoire de la franchise. Mais encore une fois, en Playoffs, les Spurs chutent, et cette fois-ci, ce sont les Grizzlies de Memphis, dès le premier tour, alors que les Spurs avaient fini en tête de la conférence Ouest. La saison suivante, ils sont encore en tête de leur conférence, et le Big Three débute les playoffs reposé et en bonne santé. Mais le jeune Thunder de Durant et Westbrook élimine en finales de conférence ces Spurs où Tim bat des records.

Arrive les playoffs 2013. Pour les fans de San Antonio, c’est l’un des pires souvenirs. Après avoir battu les Lakers privés de Kobe, les Warriors et les Grizzlies, San Antonio retrouve le Heat, et LeBron. A la fin du match 6, alors que les Spurs mènent 3-2 dans ces finales, ils prennent un avantage de 5 points dans les 40 dernières secondes. Le titre leur semble acquis, mais LeBron tout d’abord, puis Ray Allen ramènent Miami dans le match grâce à 2 paniers à 3 points. La franchise texane ne se relèvera pas.

 

Avant le 5e et dernier titre de champion

En mai 2014, Duncan devient avec Tony Parker et Manu Ginobili le trio de joueurs ayant remporté ensemble le plus de rencontres de playoffs, battant le trio des Lakers des années 1980. Et face au Heat, les Spurs se vengent. Avec un jeu parfaitement huilé, l’un des plus beaux jeux proposés par une équipe de basket, le score sera sans appel : 4-1.

 

Une fin de carrière qui se profile

En novembre 2014, Tim dépassé les 14 000 rebonds et les 25 000 points en carrière. Et alors que son équipe est en difficulté, Tim prend la parole : « Quand on perd des matchs, 3 ou 4 d’affilée comme nous l’avons fait, les gens commencent à paniquer et veulent changer certaines choses, voire tout. Il faut rester droit et comprendre que c’est un travail en cours de progression, que nous ne sommes pas dans une si mauvaise position qu’il ne le semble. »  Un discours de leader, de meneur d’hommes. Tout ce qu’était Tim Duncan. Quand début janvier 2016, de retour d’une blessure, Tim effectue une rencontre à 0 point, il interrompt une série de 1359 matchs avec au moins un panier inscrit, la plus longue série de l’histoire. Tellement de joueurs rêveraient de faire autant de matchs que lui…

 

Duncan annonce la fin de sa carrière en juillet 2016, loin de toute hystérie médiatique, simplement sans faire de bruit.

 

 

Les hommages, et puis notre hommage

Gregg Popovich, qui est devenu comme un 2e père pour Tim, dit de lui « Je ne serais pas ici sans Tim Duncan. C’est la personne la plus vraie, stable et fidèle que j’ai rencontrée dans ma vie ». Un hommage qui laisse bouche bée. Et lors du retrait du maillot de Tim, Tony Parker, ce jeune qu’il a formé au sein de l’institution Spurs, a dit « C’est une superstar comme on en verra jamais d’autres, il rendait ses coéquipiers meilleurs ». Et Tony a entièrement raison. Il rendait les autres meilleurs, sans jamais dire un mot de trop, sans jamais demander une attention qu’il aurait dû mériter. Malgré les succès, malgré la renommée, il a toujours su rester fidèle à lui-même, à sa franchise. Il laisse derrière lui un héritage immense, une véritable dynastie.

 

Tim Duncan, « The Big Fundamental », ce joueur au shoot à 45° avec la planche, son shoot signature. Alors oui ce n’était pas forcément très beau, ça ressemblait plutôt à un shoot de grand-père, mais qu’est-ce que c’était efficace. Il se donnait à fond sur un terrain, des 2 côtés du terrain d’ailleurs. Contreur le plus prolifique de l’histoire des Playoffs, et 5e en saison régulière, on peut dire qu’il en a renvoyé des ballons qui voulaient pénétrer son cercle, oui son cercle.

Tim Duncan reste un modèle d’humilité, de détermination, d’envie de vaincre et de réussite par le travail.

 

Paul LALEVEE

 

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