[Rugby] : Le Stade Toulousain, pour toujours

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L'an passé, le Stade Toulousain, tombeur de Clermont en finale du Top 14, s'est adjugé son vingtième titre de champion de France. Crédit : [AFP].

Assurément le club de rugby français le plus renommé, connu et inspirant à l’intérieur mais aussi en dehors de ses frontières. Recordman de titres en championnat de France (20), en Top 14 (4), en Coupe d’Europe (4), le Stade Toulousain possède un palmarès et une aura sans pareil. Il paraissait impossible de ne pas terminer cette rubrique sur les clubs vainqueurs du bouclier de Brennus depuis 2005 par l’équipe qui l’a le plus remporté. Toulouse a très rapidement marqué son territoire et posé sa patte sur le championnat, lauréat en 1912 puis à cinq reprises en l’espace de six ans durant l’entre deux guerres (1922-1927). Il fallut ensuite attendre 1947, vingt ans, puis patienter plus encore, trente-huit ans, pour voir la nouvelle génération dorée triompher (1985). Et ce ne fut pas la dernière, au grand dam des adversaires de l’époque. Avec trois titres dans la seconde partie des années 1980, le championnat est marqué par une première hégémonie rouge et noir moderne, incarnée par les Portolan, Cigagna, l’ouvreur Rougé-Thomas ou la redoutable paire de centres Charvet-Codorniou.

 

Quelques années plus tard, cette équipe cède la place à une formation encore plus irrésistible. C’est le début du règne toulousain, ère Guy Novès, devenu entraîneur des Haut-Garonnais après avoir obtenu deux titres (1985, 1986) avec le maillot, au poste d’ailier. 1994, 1995, 1996, 1997, un incroyable quadruplé, 1999, 2001, le Stade a la mainmise sur le bouclier de Brennus, avec une philosophie et une vision du rugby unique pour une telle réussite, s’appuyant sur la formation, les jeunes joueurs, et les clubs de la région. Ainsi naissent de futures légendes du rugby tricolore, d’Emile Ntamack à Thomas Castaignède en passant par Christian Califano. En 2001, la génération dorée est rejointe par une génération au moins aussi brillante. Les jeunes Jean Bouilhou, Fred Michalak ou Clément Poitrenaud font leurs débuts. Porté par son emblématique capitaine Fabien Pelous, Toulouse poursuit son ascension à l’échelle européenne, et décroche son deuxième et troisième titre (2003, 2005) en HCup.

 

Moins en réussite dans son championnat domestique, l’équipe de la ville rose tombe en finale en 2003, puis lors de la première édition du Top 14, en 2006 contre Biarritz. Dans les clous jusqu’à la pause (6-9), les hommes de Guy Novès craquent totalement et sont impuissants face aux vagues basques. C’est une large défaite (13-40), mais pas de quoi arrêter une telle équipe. Dès 2008, le Brennus revient en sa seconde demeure, la place du Capitole. Toulouse est pour la dix-septième fois champion de France, cette fois face à Clermont (26-20). Un Stade qui s’appuie sur un collectif hyper dense et talentueux : les monstres physiques Pelous, Albacete, Dusautoir ou Jauzion, la dextérité d’un Sowerby, le talent individuel d’un Donguy, Clerc, Heymans ou Médard. C’est sans surprise que cet effectif décroche à nouveau la HCup en 2010 contre Biarritz, qui reste à ce jour la dernière de l’équipe. Malgré son immense qualité de jeu offensif, le Stade Toulousain a tendance à fermer le jeu lors des grands soirs. En plus de la Coupe d’Europe acquise sans inscrire d’essai, il remporte encore deux fois le Top 14 (2011, 2012) à l’aide uniquement de ses buteurs. Comme pour montrer qu’il était capable de gagner qu’importe la physionomie de la partie.  

Rugby, Top 14, Stade Toulousain, Toulouse-Toulon 2012
Avant de connaître une période de disette de sept ans, le Stade Toulousain avait remporté le Top 14 une nouvelle fois, en 2012, contre le RCT. Crédit : [AFP].

Puis, alors que l’on pensait avoir tout vu et tout connu des rouge et noir, ils nous montrèrent que ce club légendaire restait un club malgré tout, avec ses hauts et ses bas. En difficulté sur la scène européenne, Toulouse reste dans le top 6 national mais ne parvient plus à atteindre le Stade de France et la finale. Une page se tourne lorsqu’au terme de la saison 2014-2015, terminée en demie contre l’ASM, Guy Novès quitte son poste pour celui de sélectionneur du XV de France. Comme un Sir Alex Ferguson à United, Novès représentait et représente encore LA figure du Stade Toulousain. Sa succession n’est pas simple, Ugo Mola s’y atèle et garde la tête froide face à un groupe qui parait à bout de souffle. Cinquième en 2016, Toulouse dégringole à la douzième position l’année suivante. Puis redémarre et se remet illico à viser les sommets, s’appuyant comme à sa vieille habitude sur ses pointures (Maestri, Médard, Fritz, Fickou, Huget) et sur sa jeune garde (Baille, Marchand, Cros, Ramos). Tout ce petit monde remonte sur le podium en 2018, tombe en barrages contre Castres. Mais le meilleur est à venir.

 

A la rentrée 2018-2019, il y a peu de changements. L’ossature reste similaire, avec un pack solide et des flèches derrières. Correctement lancé en Top 14, le Stade retrouve la Champions Cup avec une poule corsée (Leinster, Bath, Wasps). C’est pourtant la compétition européenne qui va donner un autre sens à sa saison, avec deux déclics : à Bath, Maxime Médard sauve la victoire toulousaine en annihilant un essai tout fait pour les Anglais ; puis, dans un Ernest-Wallon des grands jours, les protégés de Mola font tomber l’ogre Leinster, avec des essais de grande classe. Quelque chose se passe avec cette équipe. Elle se fait de plus en plus menaçante en Top 14, parvient même à passer devant Clermont lors des boxing-days de fin d’année, et à garder ensuite la tête. C’est aussi un phénomène qui nait, sous l’impulsion du feu follet Antoine Dupont ou de son nouveau compère Romain Ntamack, mais surtout de l’incroyable Cheslin Kolbe, ailier sur ressorts increvable. Finalement demi-finaliste européen, ce Stade Toulousain atteint sans surprise la finale de son championnat domestique.

Contre Clermont, c’est à nouveau une démonstration du jeu de main à la toulousaine qui permit, dans une rencontre serrée et fermée, de faire la différence. Un vingtième Brennus dont on se souviendra longtemps, à n'en pas douter. 

 

Mathéo RONDEAU

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Bel article mais dommage d’avoir oublié l’origine et les pères fondateurs du jeu à la toulousaine des années 80 avec messieurs Bru, Villepreux et Skrela <br /> Les maîtres à penser et à jouer du stade!
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