Athlétisme - Ils auraient pu écraser leur discipline : Kirani James

Il est toujours difficile de parler de talent gâché quand l'athlète en question n'a que 28 ans et des possibilités de briller dans le futur. Mais Kirani James a tellement été impressionnant tellement jeune, qu'avec le recul, on se dit que sa carrière aurait pu être encore meilleure qu'actuellement ! A dix-huit ans sur le toit du monde, au sommet de l'Olympe l'année suivante. Kirani James a connu une ascension fulgurante. Il devient une star dans son pays de la Grenade, qui décrète même un jour férié lors de son sacre olympique. 

Une récompense d'une progression régulière et d'un modèle de précocité pour Kirani James qui courait le 400m en 47''86 à l'âge de 14 ans (l'équivalent d'un minime première année en France). Trop tôt dans une discipline lactique déconseillée aux jeunes en pleine croissance (en France durant des année, le 400 m était interdit jusqu'au cadets inclus et encore aujourd'hui, aux interclubs, un cadet ne peut doubler 200, 400, 800m avec un 4x400m). Le fait est que son ascension est fulgurante, jusqu'à son titre de champion du monde junior en 2010. Il n'est que junior première année !

Mais de junior à senior, il y a un cap immense à franchir ! Mais rien ne fait peur à Kirani James qui fait sensation à Daegu, à l'occasion des championnats du monde senior. A 18 ans il damne le pion de sprinter plus expérimentés pour rafler le titre mondial (44''60) devant l'expérimenté LaShawn Merritt. Les portes de la gloire sont grandes ouvertes. Comment peut-il en être autrement. Déjà au sommet avec tout une carrière devant lui.

Son titre, l'année suivante, à Londres lors des Jeux Olympiques ne fait qu'accentuer l'emballement médiatique. C'est la première médaille olympique de l'histoire de son petit pays de la Grenade, qui explose au grand jour en même temps que son jeune phénomène. Surtout, à même pas 20 ans, il court en 43''94. Un vrai chrono de référence ! Toutes les promesses sont données. On lui annonce un règne de 10 ans sur le 400m mais aussi la possibilité de battre le mythique record du monde de Michaël Johnson (43''18) établi en 1999. Toutes les barrières longtemps jugées inaccessibles semblent désormais à la porté du jeune spécialiste du tour de piste.

Émergence de Van Niekerk

Mais en 2013, premier revers. Désormais très attendu par tous les spécialistes, il déçoit à Moscou, ne prenant que la septième place de la finale des mondiaux de Moscou, loin de ses standards (44''99). Etrange car il avait encore brillé cette saison-là en descendant en dessous des 44 secondes lors du meeting de Paris. Il rectifie le tir l'année suivante, une année sans grands championnats pour lui. Avec un chrono de 43''74, il relance les spéculations autour du record du monde.

Mais un grain de sable va venir petit à petit enrayer la belle histoire. Ce grain de sable s'appelle Wayde Wan Niekerk et il va venir voler la vedette à Kirani James. Dès les championnats du monde à Pékin en 2015 où il remporte un peu à la surprise générale le 400m. Troisième, il réalise pourtant le 2 chrono de sa carrière (43''78). Mais malgré son immense potentiel, il semble toucher comme un plafond de verre. Les chronos ne semblent plus descendre comme à ses débuts et c'est désormais au Sud-Africain qu'on promet monts et merveilles et le fameux record du monde.

Et le destin d'échappe encore plus à Kirani James quand il s'agit de défendre son titre olympique l'année suivante. Dans une finale historique, il ne pourra rien face au Sud-Afrcain qui remportera le titre olympique en abaissant la mythique marque de Michael Johnson à 43''04. Troisième, il semble toujours buter sur les même chronos (43''76 en étant parti assez vite). 

Son dernier podium au niveau mondial et son dernier chrono sous les 44 secondes. Au fil des années et des petits pépins, les contre-performances s'accumulent. Athlète au destin doré, il peine a totalement confirmer. Alors il n'a que 28 ans. Un âge qui lui laisse encore de belles années. D'autant qu'il a repointé son nez l'été dernier, avec une 5e place encourageante aux Mondiaux de Doha. Encore insuffisante au vu de tous les espoirs mis en lui au début de sa carrière. Mais encourageante pour la suite. Car on ne peut pas croire qu'un athlète aussi doué que lui ne puisse pas revenir au top un jour. Un talent comme on en a rarement vu. Peut-être que le meilleur est encore à venir. Rien n'est trop tard.

Etienne GOURSAUD

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