[Rétro-Giro] : 2018, la renaissance de Chris Froome (Partie 1/3)

Giro d'Italia, Tour d'Italie 2018, Chris Froome
Chris Froome arrive en Israël dans l'espoir de poursuivre sa série de victoires en Grand Tour, mais il n'y est pas véritablement le bienvenu. Soupçons de dopage, chute, mauvais départ, Froome est en grande difficulté dans les premiers jours du 101e Giro. Crédit : [GettyImages].

Contexte très particulier à Jérusalem il y a deux ans, lorsque s’élance le 101e Giro. Car en plus des contestations au sujet du lieu de départ de ce Tour d’Italie, Israël - premier de l’histoire en dehors des frontières européennes - un des protagonistes pour le général n’est franchement pas le bienvenu en Terre sainte. Et pas des moindres. L’homme le plus titré en Grand Tour du XXIe siècle, Christopher Froome, revient sur les routes transalpines pour la première fois depuis 2010. Il n’y a jamais brillé, que ce soit pour Barloworld ou chez Sky, et espère bien pouvoir, en plus du jaune et du rouge, encadrer du rose sur ses étagères à trophées et maillots. Pour lui, l’enjeu est grand, il reste sur deux succès sur les Grands Tours et peut donc rester invaincu pour le troisième de rang. Sauf qu’il traîne derrière lui, depuis quelques mois, de sérieuses casseroles.

 

La première, et la plus importante, c’est ce contrôle hors norme au salbutamol au soir de la 18e étape de la Vuelta 2017. Dévoilé le 13 décembre de la même année, ce résultat « anormal » fait renaître les accusations de dopage qui l’avaient suivi lors de ses premières performances sur le Tour de France. Lui se défend de ne jamais avoir dépassé les doses permises. L’UCI ne traite pas de l’affaire durant les premiers mois de la saison suivante, ce qui permet au britannique de disputer sans soucis les courses inscrites à son calendrier préparatoire pour tenter le doublé Giro-Tour. La mise en route est d’ailleurs très lente : limite en Andalousie (10e), pas dans le rythme sur Tirreno (34e), sa vraie course de chauffe pour le Giro est le Tour des Alpes. Il fait partie des meilleurs, mais ne parvient à lâcher personne et termine au-delà du podium (4e). La deuxième casserole tient en l’objet de la venue de Froome sur le Tour d’Italie. L’argent ? Non… Mauro Vegni, directeur de la course, aurait négocié la présence du quadruple vainqueur du Tour sur le sien moyennant un chèque avec quelques chiffres…

 

Pour couronner le tout, comment mieux commencer les trois semaines italiennes que par une chute en reconnaissance du contre-la-montre inaugural ? A quelques heures de son lancement sur la rampe, Froome chute à vitesse modérée (30km/h) dans un virage. Le flanc droit est râpé, selon lui sans conséquence sur le long terme. N’empêche, c’était le peu de confiance qu’il lui restait ce vendredi 4 mai à Jérusalem qui s’envolait. Pendant que Dumoulin récupérait sa seconde peau au terme des dix kilomètres, le leader de la Sky terminait 21e, loin de ses standards, à 37’’ de la tête, derrière Simon Yates, Pozzovivo ou Pinot. Il n’y aura pas d’autre frasque au Moyen-Orient, les deux jours suivant se concluant tranquillement au sprint. Mais, alors qu’il craignait manquer de force dans les jambes pour l’arrivée en haute montagne (Etna, Gran Sasso), sa forme pas encore au top fait des siennes dès le début de l’excursion sicilienne. Sur le dernier kilomètre vers Caltagirone (4e étape), où les pentes atteignent les 13%, il ne parvient pas à suivre les meilleurs, dont font partie ses principaux rivaux pour le général. Voilà encore une quinzaine de secondes de concédées.

Giro d'Italia, Tour d'Italie 2018, Chris Froome
Avant même le départ du contre-la-montre inaugural du Giro, Chris Froome chute en reconnaissance. A priori rien de grave physiquement, mais c'est une embûche de plus pour le leader Sky. Crédit : [AFP].

Ca y est ? C’en est terminé ? Absolument pas. Froome est à nouveau en difficulté sur la route de l’Etna, il accuse le coup à chaque attaque des favoris, et ne doit sa présence dans le groupe Dumoulin/Pinot qu’aux nombreux échanges de responsabilité qui ont parfois considérablement ralenti l’allure. Certes, il remonte au général, mais accuse déjà un sérieux débours (1’10’’) sur Simon Yates, le grand gagnant du jour. Clairement, le niveau du britannique ne s’améliore pas et on craint que son Giro soit compromis au soir de la 9e étape. En haut des 2135m du Gran Sasso d’Italia, la lutte fut féroce dans les tout derniers hectomètres, les plus difficiles, les écarts sont faibles. Mais l’accélération au train combiné aux efforts consentis sur toute la semaine sont de trop pour Froome, qui concède cette fois plus d’une minute aux Yates, Pinot, Pozzovivo ou autre Dumoulin. Il sort même du top 10 au général, relégué à 2’27’’ de son compatriote de la Mitchelton-Scott.

Et le calvaire n’est pas terminé. Plus surprenante que ne laissait penser le papier et le profil, l’étape 11 vers Osimo proposait au peloton un final corsé, avec de nombreuses bosses, des routes serrées et descentes rapides. Cassures ? A qui le dites-vous ! La faute à un mauvais placement, Froome est distancé au pied de la dernière côte, au moment où Yates attaque en tête. Le maillot rose l’emporte et assomme un peu plus la course. Peu de distance entre les favoris, sauf pour le leader de la Sky. Encore 40 secondes d’abandonnées par Chris Froome. Au matin de l’étape 14, disputée entre San Vito al Tagliamento et le Monte Zoncolan, il accuse un retard de 3’20’’ sur la tête. Il faudrait une renaissance…

  Mathéo RONDEAU           

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