22 Mai 2020
L’histoire d’Alberto Contador avec le Giro d’Italia s’est conclue comme elle avait débuté : en rose sur la plus haute marche du podium. Jeune vainqueur du Tour de France en 2007, l’Espagnol tente sa chance la saison suivante sur le Tour d’Italie, puis sur sa Vuelta nationale. Il y triomphe sur les deux, devançant respectivement Riccardo Ricco et Levi Leipheimer, des dauphins qui inspirent confiance. De retour ensuite à la quête du maillot jaune, Contador parvient à le ramener à Paris deux fois de suite. Mais ses performances sur le Tour 2010 et celles de l’année qui suit, dans lesquelles on retrouve sa nouvelle victoire au Giro, sont effacées des tablettes*. A la suite de sa suspension, il parvient à décrocher deux Vuelta, mais ne dispose plus de la même adversité sur les routes de l’Hexagone, la Sky est apparue. Porté par ce qui sera son troisième et dernier succès sur le Tour d’Espagne en fin-2014, El Pistolero se lance dans une entreprise un peu folle pour 2015. L’Espagnol, alors âgé de 32 ans, veut conquérir Giro et Tour en l’espace de trois mois.
Non loin de la frontière franco-italienne, le Giro s’élance de San Lorenzo al Mare par son traditionnel chrono par équipes. Sur le papier, Contador est bien entouré. Son équipe Tinkoff-Saxo est complète, dispose aussi bien de rouleurs (Boaro, Paulinho) que de grimpeurs (Rogers, Kreuziger, Basso). Le collectif semble bien rodé, et le plateau pas excessivement relevé. Domenico Pozzovivo, le prometteur Fabio Aru, le malchanceux Rigoberto Uran, le new leader Richie Porte ou le vieillissant Ryder Hesjedal sont clairement des obstacles à la portée de Contador. Après seulement cinq étapes, le voilà déjà leader du général, au sommet d’Abetone. Il possède un matelas d’une minute vingt sur Uran. Fabio Aru a le mieux suivi la trace de l’Espagnol, et figure à la deuxième place, à deux secondes.
Mis au sol par une chute dans les 500 derniers mètres de la 6e étape, Contador se relève mais a du mal à appuyer son bras gauche sur le guidon. Un bras qu’il ne bouge pas sur le podium, il ne peut pas enfiler son maillot rose, conservé au bénéfice de la règle des 3 derniers kilomètres. Douleur envolée quarante-huit heures après, dans l’ascension de Campitello Matese, où il tient sans problème la roue de Fabio Aru. Il grignote ses adversaires dans la plaine et dans les bosses, comme sur la 12e étape, où le seul Monte Berico de Vicenza (1,2km à 7%) lui suffit pour reprendre 14 secondes à Aru. A l’aube des Dolomites, ils ne sont plus que deux à rester sous la minute de retard par rapport au Pistolero. Ce sont les deux Astana, Mikel Landa et son leader sarde Aru. Mais un nouveau coup du sort inverse la situation.
Sous la pluie, l’étape 13 réserve à Contador un final malheureux. Il est de nouveau tombé. Or cette fois, la banderole des trois kilomètres est…quelques
* Suite à un contrôle anormal au clenbutérol, tous ses résultats des saisons 2010 et 2011 furent annulés et il fut suspendu quelques mois en 2012.
Mathéo RONDEAU