Rugby Tournoi des VI Nations, Paris-Nice : [Top 2 du week-end]

Ecosse/France, Tournoi des VI Nations 2020
Antoine Dupont et ses coéquipiers, englués dans la défense écossaise, ont laissé échappé le rêve de Grand Chelem dimanche à Murrayfield. Crédit : [Reuters].

Coronavirus oblige, programme un peu plus raccourci cette semaine dans notre rubrique hebdomadaire ! 

Rugby, VI Nations : Les Bleus tombent de haut

Il n’y a pas grand-chose à dire au sortir de la défaite du XV de France en terre écossaise dimanche (17-28), terminus des espoirs de Grand Chelem, si ce n’est qu’il reste du travail. Et heureusement ! Si les trois succès inauguraux des Bleus dans ce Tournoi avaient mis en lumière les nombreux progrès effectués en l’espace de quelques semaines, le revers de Murrayfield vient toucher du doigt les prochains grands axes de travail d’une équipe encore très jeune. Car, aussi bien qu’il ne faut pas minimiser – contrairement à certains dires – les âpres combats remportés lors du Crunch ou du déplacement à Cardiff, il sera nécessaire de bien se souvenir de cette quatrième rencontre de l’hiver, durant laquelle les tricolores auront à peu près tout manqué.

Déjà, avant même le coup d’envoi, avait-on appris le forfait après une nouvelle blessure de Camille Chat. Le talonneur fut vite rejoint par Romain Ntamack, sonné après huit minutes sur une charge du robuste centre Sam Johnson. Les premiers ballons avaient été cafouillés, les Ecossais prenaient leurs aises, et le score.

 

Un des grands points noirs d’il y a deux jours aura été l’indiscipline. D’entrée, les Bleus étaient réduits à quatorze, après un jaune adressé à François Cros (5e) pour un plaquage non maîtrisé sur Grant Gilchrist. Sur l’affaire, Paul Willemse n’est pas non plus exempt de tout reproche, puisqu’il retourne son vis-à-vis. Dans la première demi-heure, le jeu est fermé : les Français sont coffrés, souvent maintenus debout par une défense très agressive des Ecossais. Les hommes de Fabien Galthié sont pris à leur propre jeu. Les sorties de balles sont imprécises, les ballons aériens piégeurs, mais tout s’éclairci d’un seul coup. Les percées dans l’axe s’enchaînent, au ras, les Bleus avancent enfin. Et, sur une géniale inspiration d’Antoine Dupont, Damian Penaud va inscrire le premier essai du match, servi sur un plateau par le coup de pied du toulousain (33e, 7-6). Une éclaircie de courte durée.

Juste avant la pause, une échauffourée éclate. Les gestes paraissent d’abord classiques, avant que l’on voie sur les écrans des choses un peu plus sérieuses. Nick Haining approche sa main des yeux de Mohammed Haouas, avant que le pilier français, ensuite agacé par Jamie Ritchie, n’assène un coup de poing ravageur au troisième ligne. Si la décision quant à la tentative de fourchette de Haining laisse à désirer, le choix de carton ne se pose pas vraiment pour le pilier tricolore, c’est rouge. Alors que lui et ses équipiers commençaient à reprendre le fil du match, son expulsion fait preuve de double peine. En effet, en plus des trois points de la pénalité immédiate, le Chardon profite des plus grands espaces dans la défense bleue pour attaquer en surnombre vers l’aile de Sean Maitland, et inscrire un essai après la sirène (mt, 7-14).

 

A un de moins, le XV de France défend en reculant, et manque des plaquages. Celui raté de Paul Willemse sur Chris Harris provoque la panique des siens dans les 22. Et, à nouveau, Maitland est là en bout de ligne pour crucifier les Bleus (45e, 7-21). Le rêve de Grand Chelem s’envole, et laisse place à un cauchemar. Les Français sont dépassés par l’envie débordante de leurs adversaires, puis par leur réussite… Stuart McInally voit son lancer contré par Dylan Cretin mais, alors que Dupont attend le ballon dans la course, le rebond le piège et offre au talonneur écossais un couloir vide long de 15 mètres pour aller tuer le match (64e, 10-28). Enfin, dans les cinq dernières minutes, on aura vu le meilleur et le pire. Une équipe capable de dicter l’échange, de relancer depuis son camp et de pousser à quatorze pour marquer l’essai de l’espoir – de bonus défensif – par Charles Ollivon (76e, 17-28). Mais aussi une mauvaise dernière attaque, un en-avant final de Jalibert pour sonner le glas.

Au sortir de cette douche écossaise, on déplore malheureusement de nombreux dégâts, avec des blessures (Ntamack, Dupont, Chat, Penaud), la suspension de Mohammed Haouas, ou encore – et surtout – la perte quasi-certaine du Tournoi. Car oui, même avec un succès final contre l’Irlande, ce sera difficile de doubler l’Angleterre. Et là, on en revient à ce coup de pied anticipé de Dupont à la 79e, qui avait offert finalement un point à des Anglais qui n’en méritaient absolument pas. Le demi de mêlée avait vu la fin trop vite (on le lui jette pas la pierre). Pour ce Tournoi, la fin, on risque de l’attendre très longtemps. Ce petit hiver enchanté aura à coup sûr des lendemains fructueux. Que l’on espère très rapides.    

Paris-Nice 2020
C'est l'Allemand de Bora-Hansgrohe Maximilian Schachmann qui a remporté la première étape de Paris-Nice, et porte le maillot jaune depuis dimanche soir. Crédit : [AFP].

Cyclisme, Paris-Nice : Schachmann évite les pièges

Incroyable ! Quiconque qui n'a pas suivi ce début de Paris-Nice peut se poser la question des écarts en rapport au profil des trois premières étapes. Trois étapes de plaine ou relativement de plaine et pourtant exit des Richie Porte, Romain Bardet, Warren Barguil. Alaphilippe, Quintana distancés mais pas encore éliminés, la Beauce a fait des dégâts. Comme souvent sur la course au soleil ! Que certains coureurs doivent appeler de tous leurs voeux après des étapes éprouvantes. Et oui, mettez du froid, de la pluie et du vent et vous obtenez des étapes folles ! Où même les "gros" ont souffert. En effet, Maximilian Schachmann, Giacomo Nizzolo et Ivan Garcia Cortina ne sont pas des purs sprinters, loin de là (sauf pour le coureur Italien qui sait se défendre). Pourtant, ce sont les trois à avoir inscrit leur nom au palmarès des trois premieres étapes. Avec l'annulation de Tirreno-Adriatico, on promettait un plateau d'enfer y compris en sprint. Mais les Pascal Ackermann, Sam Bennett où encore Caleb Ewan ont fait choux blanc. Pour eux, cela va se compliquer. Il ne restera que l'étape de jeudi comme dernière chance.

Quid des favoris ?

Classement général des favoris

1. Maximilian Schachmann

4. Sergio Higuita à 23''

9. Vincenzo Nibali à 28''

11. Tiesj Benoot à 38''

15. Thibaut Pinot à 43''

23. Julian Alaphilippe à 1'31

25. Nairo Quintana à 1'50

32. Romain Bardet à 3'10.

Les écarts sont déjà énormes alors que les premières difficultés ne sont pas encore abordées. Et c'est sans doute le meilleur rouleur d'entre tous qui occupe la première place. Vainqueur de la première étape, Maximilian Schachmann est celui qui a déjoué le mieux les pièges. Parmi les purs grimpeurs, Sergio Higuita s'en tire à merveille, 4e à 23''. Grand perdant de la deuxième étape, le favori annoncé Naïro Quintana est rejeté à 1'50. Les deux Colombiens devraient perdre entre 30'' et 1' demain, tandis qu'Alaphilippe devrait résister à Schachmann et Pinot perdre entre 20 et 40''. Alors est-ce que l'Allemand a déjà plié la course ? On va reprendre un précédant un peu similaire. Paris-Nice 2017. Alaphilippe piège tous les gros leaders sur la première étape, remporte le chrono le mercredi. Au vu de son avance, tout le monde le voit résister. Mais le Français a finalement craqué dans la Couillole en perdant près de 3', sur une montée rapide et longue. Or, la Colmiane présente un peu le même profil. Les grimpeurs et on pense en premier à Quintana qui aura intérêt à tout faire exploser. Maximilian Schachmann grimpe correctement oui. Il a fini 2e du Tour d'Algarve oui. Mais la course n'avait jamais vraiment explosé. Leader jusqu'à l'étape reine du Tour du Pays Basque l'an passé, il avait cédé pas mal de temps, malgré une jolie résistance (top 10 de l'étape). Alors il faudra qu'il soit plus fort en montagne que l'an passé pour résister. Sachant que l'étape du dimanche est dure et propice aux renversement. L'Allemand a pour lui une belle équipe, avec Konrad ou encore Grosschartner. Côté Français, on pouvait nourrir quelques espoirs, mais au soir de l'étape 3, seul Thibaut Pinot peut encore croire en la victoire finale. Il n'est qu'à 43'' mais n'a pas été hyper rassurant hier, quand il explose dans la roue de son coéquipier Stéphen Kung. Dans la lignée de son Tour de la Provence et du Haut-Var, il est un peu en difficulté. Pas de panique cependant, ce Paris-Nice est loin d'être fini et il peut se bonifier d'ici la fin. Et si ce n'est pas le cas, la saison est encore longue ! 

Quoi qu'il arrive, on s'est régalé jusque là et on devrait encore se régaler ! 

Etienne GOURSAUD et Mathéo RONDEAU

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