25 Février 2020
Et c’est finalement à cet instant que l’on se rend compte. De quoi ? Bah que dix ans c’est long, bordel ! Dix ans à se lamenter devant notre télévision, peinés de voir nos Bleus de France malmenés tantôt à Twickenham, tantôt à Murrayfield, si proche d’une victoire à Cardiff, si loin de tout à Dublin. Dix ans à attendre un troisième succès consécutif sur un Tournoi, pour pouvoir enfin ressentir à nouveau le frisson d’un potentiel Grand Chelem. Cette toute fraîche équipe de France faisait face à son premier gros morceau samedi soir. Un déplacement en Galles pour un test grandeur nature : un XV plus qu’inexpérimenté face à la plus capée des équipes du Poireau possible, un enfer promis dans l’ambiance la plus terrifiante du rugby international. Le Millenium, stade des possibles pour une formation tricolore motivée par une victoire inaugurale référence contre l’Angleterre, malgré ensuite un relâchement mesuré contre la Squadra Azzurra. Le Millenium, stade où les trois précédents sélectionneurs se sont cassé les dents, plus ou moins lourdement.
Quatre ans après le dernier succès bleu outre-manche, dix ans après la toute dernière victoire française à Cardiff, il y avait pourtant des motifs d’espoir. Un collectif bien plus dense physiquement laissait augurer une superbe bataille face à des Gallois tenus en respect deux semaines plus tôt par le XV du Trèfle. L’occasion aussi de prendre une revanche, de venger les trois derniers revers tricolores contre les protégés d’Alun-Wyn Jones. Des défaites qui n’arrivent pas à passer, écart infime à chaque coup, dues à des courts-circuits dans les cerveaux bleus (ballon qui rebondit sur le torse, glissade ratée, passe sautée foldingue, coup de coude mal senti). Toujours les mêmes satisfactions, puis les mêmes regrets, le même œil noir du capitaine Guilhem Guirado, porte-parole vain des défaites encourageantes…
Mais les mouches ont changé d’âne. Le brassard a changé de capitaine. Le costume a changé de sélectionneur. Les survets ont changé d’occupants. Et la victoire hors des bases est revenue. Pas d’un coup de baguette magique bien sûr, mais grâce à un sacré combat livré contre le Pays de Galles dans son antre. D’entrée de jeu, les impacts sont français et, bien que pénalisés après trois minutes, ce sont les Bleus qui avancent. Sur une chandelle offensive de Romain Ntamack, Teddy Thomas vient gêner la réception de Leigh Halfpenny dans ses 22. Le ballon retombe et rebondit dans les mains d’Anthony Bouthier, qui n’a plus qu’à aller aplatir son premier essai international (7e, 3-7). Pas de place à l’hésitation, le XV de France domine et marque. Ntamack ajoute une pénalité (19e, 3-10). Mais les Gallois restent dans la course, faisant attention à bien mettre en évidence les dixièmes de seconde de retard au replacement des avants français en sortie de regroupements. Le Poireau paie par contre ses errements défensifs, pour le plus grand plaisir des quinze joueurs d’en face. Après une formidable action offensive et un essai refusé à la vidéo, les Français continuent de pousser et inscrivent un deuxième essai, tout en puissance celui-ci, par Paul Willemse (30e, 6-17).
Après trois points supplémentaires pour Biggar et les locaux, les protégés de Fabien Galthié subissent les assauts rouges. Les Bleus souffrent, mais sont loin d’abdiquer. Les pick and go se multiplient, les minutes s’égrènent, Alldritt regarde l’action depuis le bord du terrain après un carton jaune imaginaire (et c’est clair et net). Presque six minutes après l’entrée dans le temps supplémentaire, Nick Tompkins est chargé par la muraille bleue, et commet l’en-avant qui ramène tout le monde aux vestiaires (mt, 9-17). Incroyable résistance. Magistrale défense.
Le deuxième acte démarre fort. Les Français viennent camper dans les 22 adverses mais sont chassés. Les Gallois reviennent enfin dans la partie à une demi-heure de la fin (48e, 16-17). Mais, toujours aussi brouillons dans leurs inspirations offensives, ils se font piéger de suite après, par l’interception osée de Romain Ntamack, qui redonnait aux siens une belle marge (52e, 16-24). Ce même Ntamack ajouta trois points,
La 80e approche, la ligne d’en-but française aussi, encore. Le même Tompkins qui avait perdu le ballon en première mi-temps s’enfuit, perce sur quarante mètres le rideau bleu. Camille Chat, prompt à la défense et au contest, se met en position de grattage. Et c’est terminé. Quand le Chat pose ses pattes, inutile d’essayer de se mettre en travers de son chemin. Baptiste Serin envoie le ballon en touche, même contre l’avis de Dan Biggar. Après tout… Il y eut tout dans ce match : l’ambiance, les essais, le plaquage, l’empoignade finale. Il y a deux ou trois mois, tout aurait été réuni pour une belle défaite d’un point de nos Bleus. Samedi, ce fut un tout autre scénario. La France avait le score en main, la victoire l’attendait au bout. Et elle a tenu, contre vents et marées.
Des matches comme ça, il en reste deux à réaliser pour le XV de France cet hiver. Pour montrer qu’une grande équipe est née. Pour montrer qu’on peut être beaux, jeunes, mais aussi vainqueurs.
Alors oui, il n'a rien pu faire contre l'ogre Duplantis. Mais voir Renaud Lavillenie aussi performant est rassurant ! Le perchiste français, après deux concours très compliqués, a franchi une barre à 5,94m dimanche, chez lui à Clermont au All Star Perche, dont il est organisateur. Au-delà de la performance, c'est la façon dont il a effacé les différentes barres à 5,80m, 5,87m puis 5,94m qui rassure. Des sauts nets et sans bavure qui laisse présager que Renaud Lavillenie peut aller plus haut. D'ailleurs ses tentatives à 6,01m étaient plus que probantes ! Alors évidemment ce n'est pas le Renaud de 2013 à 2016 qui survolait les concours souvent à plus de 6m. D'ailleurs même ce Renaud là n'aurait peut-être rien pu faire contre Armand Duplantis. Vainqueur à 6,01m, son 5e concours en autant de tentatives bouclé à plus de 6m, il égale le record de concours à plus de 6m en une année de Bubka. Et on est qu'en Février. Et encore une fois, son record du monde a tremblé, avec deux énormes tentatives à 6,19m. Ce n'est que partie remise. Pour Renaud Lavillenie, il vient d'envoyer un message à la concurrence (du moins celle humaine). Il a battu Sam Kendricks et les autres spécialistes hors prodige Sudois. De quoi le repositionner comme un candidat crédible à la médaille à Tokyo. Ce qui semblait inenvisageable encore avant ce dimanche. Pour rappel, Renaud Lavillenie a glané l'or à Londres et l'argent à Rio. Une troisième médaille serait une performance inédite pour un perchiste et le Français rentrerait davantage dans la légende de son sport. Avant de se faire la aussi déloger par Duplantis ? L'avenir nous le dire. Mais on persiste à penser qu'une médaille olympique, au vu de la densité et si les conditions le permettent, se jouera à plus de 6m.
Un autre Français a crevé l'écran ce week-end. Il n'est que junior, mais Sacha Zhoya ne cesse d'émerveiller le monde entier. Il a pulvérisé le record du monde juniors du 60m haies en réalisant 7''34, lors des championnats de France jeunes de Miramas. Alors bien sur il ne s'agit "que" de haies à 99cm (contre 106cm pour les seniors), la performance a détonné dans l'athlétisme mondial. Le Français a aiguisé ses ambitions en annonçant viser le record du monde junior du 110m haies ! Ce sera pour cet été. Pour rappel, Sacha Zhoya n'est que première année et sa marge de progression semble encore infinie. Jusqu'où peut-il aller ? Pour ceux qui pensent qu'un excellent jeune ne fait pas forcément un bon senior, on peut agiter l'exemple de la légende Usain Bolt, recordman du monde cadet et junior du 200m avant d'étaler son talent à la planète entière. On peut aussi parler d'Armand Duplantis, qui détient moult record du monde d'âge (à partir de 6 ans !). Lui aussi semble parfaitement négocier la transition en senior. Inversement, d'autres se sont crashés. En France l'exemple d'Heather Arneton peut venir aux esprits. La recordwomen du monde minimes de la longueur n'a toujours pas confirmée. Aujourd'hui junior, sa carrière est plombée par les blessures ! Quelle trajectoire adoptera Sacha Zhoya ? Cela dépend de plein de choses. D'abord de ses choix, car il performe sur 100m et également à la perche, où il possède les records du monde cadets. Il faudra voir comment il négocie le passage 99/106cm, qui a parfois mis des athlètes en difficulté. La voie semble royale mais elle est toutefois semée d'embûches. Il ne devra pas trébucher.
Poule A : Paris terminera 2e ou 3e ! Une victoire à la maison face à Elverum a clarifié encore plus la position des Parisiens. Szeged a perdu face à Flensburg et ils cèdent leur place de dauphins au PSG. Ce sera le seul "suspense" de cette dernière journée de phase de poule de la C1, dans ce groupe A où Barcelone était bien le plus fort ! Un suspense oui, car chaque place est importante pour avoir le meilleur tirage au sort possible en 8e de finale ! Il faudra donc assurer la dernière réception de Zagreb, tandis que Szeged aura un difficile déplacement à négocier contre Barcelone, toujours invaincu à domicile en Ligue des Champions. Mais Szeged est le seul club à avoir fait tomber les Barcelonais cette saison. Méfiance !
Classement
1. Barcelone 24 points
2. Paris 20 points
3. Szeged 20 points
4. Flensburg 13 points
5. Aalborg 13 points
6. Celje 6 points
7. Zagreb 5 points
8. Elverum 3 points
Poule B : Pour les Montpellierains, la défaite cruelle face à Veszprem (24-23) confirme cependant les bonnes dispositions des Montpelliérains en Ligue des Champions cette saison. Il termineront au pire 4e de la poule et au mieux 3e désormais. Qualification en poche pour les 8e de finale, ce qui est déjà une belle performance. Les Montpellierains gardent également toutes leurs chances au prochain stade de la compétition. En terminant aux avant-postes, ils auront un tirage relativement favorable. Les champions d'Europe 2003 et 2018 peuvent continuer de croire en leur rêve. Cette compétition est décidément une véritable bouffée d'oxygène pour les Héraultais à la peine en championnat.
Classement
1. Kiel 20 points
2. Veszprem 18 points
3. Kielce 16 points
4. Montpellier 15 points
5. FC Porte 11 points
6. Vardar Skopje 11 points
7. Meshkov Brest 8 points
8. HCM Zapozozyhe 4 points
Mathéo RONDEAU et Etienne GOURSAUD