[Retro 2019] : Thibaut Pinot nous a fendu le cœur

Presque cinq mois après, c'est toujours avec une certaine émotion au moment d'évoquer ce souvenir. Il faut dire que pendant presque trois semaines on y aura cru. Cru comme sans doute jamais on y avait cru depuis Laurent Fignon en 1989. Un Français en passe de remporter le Tour de France, oui nous étions dans un rêve. Julian Alaphilippe en jaune depuis plus de deux semaines. Thibaut Pinot en embuscade au classement général. La France Bleu-Blanc-Rouge rayonnait sur la planète cyclisme.

Surtout, le Franc-Comtois a réussi des prouesses dans les Pyrénées. Sa victoire au sommet du Col du Tourmalet ? Oui certes, mais ce qui m'a le plus marqué c'est le lendemain à l'arrivée à Prat-d'Albis. Car un Français proche de gagner le Tour, on ne le saura jamais vraiment. Mais un Français qui a fait exploser un à un ses adversaires dans une montée, ce fut la réalité de la montée ariégoise. Un à un, ils ont tous cédés. D'abord le vainqueur sortant Geraint Thomas, puis le maillot jaune Julian Alaphilippe, impérial jusque-là. Ensuite c'est autour de l'Allemand Emmanuel Buchmann de passer à la trappe, puis enfin Egan Bernal. Survolé, Thibaut Pinot terminera 2e de l'étape. Pour la première fois depuis Morzine en 2000 (Virenque), un grimpeur français s'affirme comme le meilleur dans un Tour de France. On ne pouvait que rêver. Il restait des Alpes magnifiques et majestueuses à franchir. Et tout était possible ! Oui tout absolument tout. Enfin en France, on ne s'interdisait plus rien.

Des défaillances toujours aussi cruelles.

Rêver si fort qu'on a pu déchanter les années passées. Sur des défaillances, comme celle de la dernière étape du Giro 2018, avec un podium envolé dans les méandres d'une terrible pneumopathie. Celle (incompréhensible) dans l'Aspin sur le Tour 2016, alors que le rythme était encore calme, celle de la Pierre-Saint-Martin en 2015 sur le Tour. De trop nombreux démons dont on pensait le Français débarrassé. Revenu au travers d'une déchirure musculaire, survenu à cause d'un choc sur un guidon. Déchirure muculaire en vélo, on n'avait jamais vu ça. Tout comme on a rarement vu autant de malchance condensé sur un seul coureur.

Du rire aux larmes, celle de Thibaut Pinot et William Bonnet au moment de l'abandon du leader de la Groupama-FDJ. Celles de Rudy Molard, touchant, dans l'excellent documentaire « Avec Thibaut Pinot ». Puis bien sur, celles du principal intéressé que ce soit dans son hôtel dans cette séquence qui a mis les larmes au yeux de tout le monde, avec Marc Madiot cherchant à le réconforter. Mais aussi en conférence de presse. On a pleuré avec lui, pleuré aussi fort qu'on a pu y croire avec lui ! Marc Madiot avait raison. Thibaut Pinot est un coureur qui ne laisse pas indifférent. Une montagne russe d'émotions. Dont on espère le sommet un après-midi de juillet 2020, au sommet de la Planche des Belles Filles, où sera le chrono en forme de juge de paix de la prochaine édition du Tour.

Et croyez-moi, on va y croire très fort !

Etienne GOURSAUD

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