[OBJECTIF TOKYO 2020] : Avec Alexis Miellet, étendard du renouveau du demi-fond français

Alexis Miellet entrainement
Alexis Miellet en pleine séance avant les Mondiaux. [Crédit : Pascal Martinot-Lagarde]

Il a crevé l'écran en 2019. Un demi-fondeur sur un podium d'un meeting Diamong League, non il ne s'agit pas de Mahiedine Mekhissi mais d'Alexis Miellet (24 ans, Dijon Université Club), s'est hissé dans le gratin mondial sur 1500m. Une ascension linéaire depuis ses débuts en 2011. Qui l'a amené jusqu'en demi-finale des championnats du monde à Doha. Auparavant, le Dijonnais a porté son record à 1'45''88 au 800m mais surtout 3'34''23 sur 1500m devenant le 18e performeur français de tous les temps sur la distance. A moins de 10 mois des J.O. de Tokyo, Alexis Miellet se projette avec ambition sur la saison 2020.

Alexis Miellet veut faire descendre ses records 

Après une coupure méritée post championnats du monde, le jeune demi-fondeur a repris l'entraînement il y a un peu plus de deux semaines. Fier de son année 2019. En effet, il vient de connaître la plus grande saison de sa jeune carrière. Tout a commencé l'hiver dernier : "La saison hivernale a été excellente. J'ai passé un gros cap sur le plan foncier" confirme le Dijonnais. Avec une préparation axée sur le cross long, c'est finalement sur cross court où il s'illustre sur le plan national, avec une seconde place des championnats de France, derrière Djilali Bedrani (5e des mondiaux sur 3000m steeple). "Je n'avais pas préparé le cross-court, alors finir tout proche de Djilali était une bonne chose, sur un parcours gras qui ne m'avantageait pas".

Au fur et à mesure, la confirmation se poursuit. Au premier tour des Interclubs, il signe une probante rentrée sur 800m en 1'47''47 "J'étais tout seul sur la course et j'avais décidé de prendre des risques. Jusqu'au 650m je suis sur les bases de 1'45" analyse l'athlète : un premier signe. Car au fur et à mesure des jours, les sensations sont excellentes. L'objectif déclaré est de faire les minima pour les mondiaux (3'35''50). "Finalement j'ai eu un peu de marge sur notre objectif et cela a été une belle surprise" se réjouit Alexis Miellet. Les grosses performances s'enchaînent. Sa rentrée sur 1500m se traduit par un nouveau record personnel (3'35''98). Et pas dans n'importe quel cadre ! Alexis Miellet vient de prendre la seconde place du meeting Diamond League de Rabat, dans une course gérée en cador. Il améliore son record de nouveau sur un autre Diamond League à Monaco, 12e d'une course relevée en 3'34''23. Plus de trois secondes gagnées par rapport à 2018. Une qualification obtenue pour les mondiaux de Doha, avec à la clé une demi-finale, où il n'a pas manqué grand chose pour que le sociétaire du Dijon Université Club entre dans la grande finale. Mais il reste heureux : "J'aurais signé direct pour une telle saison" confirme Alexis Miellet.

La finale des J.O. de Tokyo comme ambition

Alexis Miellet Championnat de France Elite Saint-Etienne
Champion de France Elite cet été, Alexis Miellet a franchi un cap [Crédit : FFA]

"Il m'a manqué une ou deux secondes de marge sur mon record personnel pour entrer en finale" analyse le Dijonnais. C'est ce qu'il va essayer de grappiller l'an prochain. Car l'objectif est déclaré : aller en finale olympique en capitale japonaise. "Et le niveau sera le même qu'au mondiaux" prévient le demi-fondeur. En cas de finale, ce serait le premier sur 1500m dans une grande compétition depuis Florian Carvalho en 2013 (mondiaux). Et le premier depuis Mehdi Baala aux J.O 2008. "C'est quelque chose qui me semble accessible, il ne m'a pas manqué grand chose à Doha. Les courses de championnats sont souvent tactiques et je sais finir fort. En demi-finale, cela s'est emballé au bout de 500m et j'ai eu un peu peur d’accélérer et je me suis fait doubler. Je termine fort mais cela n'a pas suffi. Cependant je n'ai aucuns regrets" conclut Alexis Miellet. Qui peut espérer également se qualifier sur le 800m, avec un record actuel à 1'45''88. "Si c'était le cas, je privilégierai sans doute le 1500m" confie l’intéressé. 

Alexis Miellet incarne également le renouveau du demi fond français, avec comme autres porte-étendards des athlètes comme Hugo Hay, Jimmy Gressier, Baptiste Mischler ou encore Fabien Palcau. "Ce sont tous des potes et on a l'habitude de se retrouver en stage tous ensemble". Une concurrence saine vue d'un très bon œil par le Dijonnais : "On progresse ensemble, cela tire vers le haut. Il commence à un y avoir un sacré bon niveau sur 1500m en France. On a plus trop le droit à l'erreur et faut déjà être en forme pour gagner les championnats nationaux, qui sont redevenus un bon test. Je préfère gagner dans la difficulté avec de la concurrence, que gagner haut la main une course où il y a personne".

En attendant les J.O de Tokyo sont encore loin et Alexis Miellet veut d'abord penser à cet hiver : "Il y a les championnats d’Europe de cross où je veux faire le relais mixte comme l'an passé. Je ne veux pas me mettre trop de pression en pensant dès maintenant aux J.O. J'aurai le temps d'y penser au moment venu, après la saison hivernale. Il ne faut pas griller les étapes" résume le Dijonnais. Car il veut de nouveau briller sur le cross, avec en ligne de mire le cross long "Dont les inters seront chez moi. Je peux viser un podium aux France, mais la concurrence sera rude. Et un 10km lors de la corrida de Houilles le 30 décembre : "J'ai un record à 30'15, j'aimerai bien faire 29'15" espère le Dijonnais. 

Avec un climat de sérénité. Car la période post-mondiaux a accouché d'une bonne nouvelle. Alexis Miellet a vu les sponsors s’intéresser à lui : "Je me suis inscris sur une plateforme Squarechamps [Gérée par les anciens athlètes Sofiane Selmouni et Bryan Cantero] qui met en relation des athlètes et des entreprises pour du sponsoring et des opérations. J'ai fait une animation running avec des influenceurs récemment". Le Dijonnais peut désormais gagner sa vie grâce au sport un poids en moins ! "Mon métier c'est de courir, pas d'aller chercher des sponsors. D'autant que j'ai stoppé mes études pour me consacrer totalement à l'athlétisme et mettre toutes les chances de mon côté. Financièrement il fallait que cela suive" analyse avec vérité le jeune athlète, dans un sport où il est tellement difficile d'en vivre !

Avec Kurt Zouma en centre de formation à Dijon

Alexis Miellet Doha 1500m
A Doha, Alexis Miellet a participé à ses premiers grands championnats [Crédit : IAAF]

Que de chemin parcouru depuis 2011 et ses débuts dans l'athlétisme. Auparavant, Alexis Miellet a fait onze ans de football. Jusqu'à intégrer le centre de formation de Dijon. Il y a côtoyé un certain Kurt Zouma (défenseur central international français). Il raconte : "C'est simple je faisais 1,60m et lui 1,80m. Il sortait déjà du lot'. Mais au fur et à mesure, il ne trouve plus son bonheur dans le ballon rond. Le temps d'une septième place lors des France UNSS et la bascule est faite. "Cela m'a donné envie" résume l’intéressé. 4'10 lors de sa première saison, 3'58 lors de la seconde. Un bon cadet, mais comme il le dit, il n'étais pas en avance sur les autres jeunes de son âge. 

Mais devenu une référence française, il s'est affirmé au fil des années sur une discipline exigeante qu'il résume comme ceci : "Le mental est super important. Ensuite il faut être fort sur 800 et avoir des qualités de vitesse. Car sinon en championnat c'est impossible de briller. Mais le foncier est important". Ainsi l'hiver est principalement consacré aux foncier, comme en atteste ses préparations pour les cross, tandis que l'été, c'est travail spécifique. "Mais pas de sprint, j'ai déjà de bonnes qualités de vitesse" ajoute Alexis Miellet.

Qui confie également son quotidien d'athlète de haut niveau : "En ce moment je vais courir vers 11h, je patiente ensuite jusqu'à 18h pour ma seconde séance. En général je me lève vers 9h, 9h30. Par ailleurs j'aime beaucoup le cyclisme... et les jeux-vidéos". Il est également suivi par un kiné trois fois par semaine et par un ostéopathe quatre à cinq fois par an. A cela s'ajoute tout le suivi médical de la fédération française d'athlétisme. Bien entendu, ses entraînements diffèrent selon la période de l'année. Actuellement en stage demi-fond à Moulhouse, sa préparation est axée cross et foncier. Avec intégration depuis l'année passée de la musculation, deux fois par semaine : une avec charge et une sans et beaucoup de pliométrie. "Je sens que ma foulée s'est améliorée et je me sens plus stable sur mon appui. J'ai senti une différence par rapport aux autres années" se réjouit Alexis Miellet. Avant les Elites, sa séance type se décline ainsi : 3x500m avec 6 minutes de récupérations. Au sein de chaque 500, c'est 300m au train (43 secondes) et les 200 derniers le plus vite possible.

Une dernière fête, en cas de grand bonheur attend Alexis Miellet, à l'occasion des championnats d'Europe d'athlétisme, qui auront lieu à Paris fin août. "Je peux éventuellement doubler 800 et 1500 selon le programme. L'ambiance risque d'être énorme pour nous, encore mieux qu'à Charléty lors du meeting Diamond League".

En attendant, Alexis Miellet poursuit son rêve olympique ! Vers les sommets, souhaitons-le lui !

Etienne GOURSAUD

 

 

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